Caractéristiques et facteurs de risque de mortalité des patients de 65 ans et plus atteints d’HTAP

Discipline

Pneumologie

Classification

Médecine et santé

Mots-clés

Hypertension artérielle pulmonaire - Facteurs de risque - Thèses et écrits académiques,

Mortalité - Thèses et écrits académiques

Introduction : L’Hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) est une pathologie grave responsable d’une mortalité importante. Historiquement associée à la femme d’âge moyen, elle touche de plus en plus de personnes âgées du fait du vieillissement de la population. Or, ces patients présentent de nombreuses spécificités liées à leurs comorbidités ou à leurs poly-médications notamment et bénéficient souvent de traitements moins agressifs. Afin de guider leur prise en charge thérapeutique il apparaît intéressant de préciser les caractéristiques, notamment la morbi-mortalité et d’identifier les facteurs de risque de décès des patients de 65 ans et plus atteints d’HTAP. Matériel et méthode : Les dossiers des 127 patients inscrits dans le registre d’HTP du Limousin ont été étudiés rétrospectivement pour ne retenir que les HTP de groupe I. 12 HTP mixtes et 4 HTP sévères du groupe III ont également été inclues tout comme les patients classés « HTP limite » par une PAPm comprise entre 21 et 25 mmHg s’ils correspondaient aux critères d’inclusion. La morbidité et la mortalité des patients de 65 ans et plus était évaluée et comparée à celle des patients de moins de 65 ans au travers de caractéristiques épidémiologiques, cliniques, paracliniques et pronostiques reconnues. Les critères ERS/ESC 2015 et les critères simplifiés de Boucly et al. ont également été évalués. Résultats : Les 65 patients inclus présentaient un âge moyen de 63 ± 15 ans pour un délai diagnostique de 8 ± 9 mois. On comptabilisait au total 23 décès (35,4%). Les patients de 65 ans et plus (n=40) avaient plus de facteurs de risque cardiovasculaire (n=30, 75,0% versus n=9, 36,0% ; p=0,0037) et de comorbidités cardiaques et cardiovasculaires (n=32, 80,0% versus n=13, 52,0% ; p=0,0127) mais pas plus d’HTP liées à une cardiopathie gauche ou à une pathologie respiratoire. Ils présentaient moins de BPCO (n=8, 20,0% versus n=11, 44,0% ; p=0,0273) et de tabagisme (n=9, 22,5% versus n=17, 68,0% ; p=0,0001). Les étiologies n’étaient pas significativement différentes hormis pour le lupus, moins fréquent chez les patients âgés (n=0, 0,0% versus n=1, 20,0% ; p=0,0469). Le groupe des patients âgés avait une PAPm significativement plus faible (37 ± 10 mmHg versus 45 ± 15 mmHg ; p=0,0436) et il n’y avait pas de différence significative de traitement. Alors que la mortalité était significativement plus importante chez les patients âgés avec 18 décès (45,0%) versus 5 décès (20,0%), essentiellement durant les 32 premiers mois suivant le diagnostic (p=0,0567), la répartition des critères ERS/ESC 2015 et de Boucly et al. n’était pas significativement différente entre les 2 groupes. Les facteurs de risque de mortalité étaient la présence d’une connectivite (p=0,0254), de FAN positifs (p=0,0301), d’une douleur thoracique (p=0,0379), d’une coronaropathie (p=0,0321) et d’un taux élevé de NT-proBNP (p=0,0187). En analyse multivariée, l’âge ≥65ans (OR=35,4 ; IC95%[3,2-1229,5] ; p=0,0135), les facteurs de risque cardiovasculaire (OR=21,0 ;IC95%[1,7-882,5] ; p=0,0435) et l’alcool (OR=39,6 ; IC95%[2,1-3350,6] ; p=0,0378) apparaissaient comme des facteurs indépendants de décès. Conclusion : Cette étude rétrospective portant sur 65 patients atteints d’HTAP a identifié chez les patients de 65 ans et plus, une surmortalité que les outils d’évaluation pronostique habituels n’ont pas permis de prédire. Dans le groupe des patients âgés, les comorbidités cardiovasculaires et cardiaques et les facteurs de risque cardiovasculaire étaient surreprésentés, ces derniers apparaissant même comme des facteurs indépendants de décès. Au contraire, la BPCO et le tabagisme étaient plus rares. Paradoxalement, le profil hémodynamique des patients âgés semblait meilleur avec une PAPm moyenne et des RVP plus faibles. Cette étude était la première à évaluer les critères de Boucly et al. et ERS/ECS 2015 spécifiquement chez les patients de 65 ans et plus mais d’autres études prospectives et de plus forte puissance semblent nécessaires afin de valider ces outils pronostics reconnus chez la personne âgée.