Apport de l'analyse toxicologique systématique dans le déterminisme du décès

Discipline

Médecine légale et expertises médicales

Classification

Médecine et santé

Mots-clés

Toxicologie légale,

Décès -- Causes

Les causes suspectées de décès après l’autopsie sont majoritairement retenues comme causes de décès, sans réalisation systématique d’analyses toxicologiques. Dans certains cas, il peut persister un doute sur l’implication de toxiques, voire l’absence de cause formelle de décès apparente. Dans ce contexte, des analyses toxicologiques sont parfois ordonnées par le magistrat pour étayer les causes de décès, mais pas toujours. Le but de cette étude était de déterminer l’impact d’analyses toxicologiques systématiques sur les causes de décès. Les dossiers d’autopsie pour lesquels aucune analyse toxicologique n’avait été réalisée ont été étudiés. Parmi eux, une seconde sélection retenait les dossiers dont la conclusion du rapport d’autopsie préconisait la réalisation d’une expertise toxicologique. Cela concernait 62 dossiers prélevés et conservés au CHU Dupuytren de Limoges entre 2013 et 2019. Les dossiers étaient classés en trois catégories de décès : les décès de cause naturelle présumée, les décès de cause non toxique présumée (cause suspectée de décès non naturelle et non toxique) et les décès de cause toxique présumée. Un screening, une recherche d’éthanol et de stupéfiants ont été réalisés sur tous les dossiers. En fonction des xénobiotiques d’intérêts retrouvés au screening, des analyses spécifiques ont été effectuées au cas par cas. Les 62 dossiers d’autopsie se répartissaient en 33 décès de causes naturelles présumées (53%), 18 décès de causes non toxiques présumées (29%) et 11 décès de causes toxiques présumées (18%). Après analyse toxicologique, une cause toxique était mise en évidence dans 7/33 décès de cause naturelle présumée, dans 5/18 décès de cause non toxique présumée et dans 9/11 décès de cause toxique présumée, soit un total de 21 décès sur 62 (34%). Ainsi, cette étude met en évidence une cause toxique au décès dans 34% des cas alors qu’une cause toxique était présumée dans seulement 18% des cas avant analyse. La réalisation systématique d’analyses toxicologiques a donc mis en évidence environ 2 fois plus de décès toxique que ceux initialement suspectés. En conclusion, cette étude montre l’intérêt de la réalisation d’analyses toxicologiques à titre systématique. Un panel incluant des recherches plus larges de médicaments et toxiques (screenings), la recherche de stupéfiants et l’éthanol pourrait être un bon compromis entre contraintes financières et pertinence scientifique.