Constatations tomodensitométriques associées à la survenue d’une diplopie persistante dans les fractures en blow-out du plancher orbitaire : étude rétrospective sur 108 patients du CHU de Limoges

Discipline

Chirurgie maxillo-faciale

Classification

Médecine et santé

Mots-clés

Orbite (anatomie) - Fractures,

Orbite (anatomie) - Chirurgie,

Diplopie,

Scanographie

Introduction : La décision chirurgicale dans les fractures en blow-out du plancher orbitaire (BOF) repose sur un faisceau d’arguments cliniques et radiologiques, sans qu’il existe de consensus pour leur prise en charge. La iatrogénie chirurgicale incite à ne pas intervenir sur toutes les fractures. La diplopie en lien avec un trouble oculomoteur est un argument clinique majeur en faveur d’une réparation chirurgicale, du fait de ses conséquences fonctionnelles, et peut devenir séquellaire en cas de décision chirurgicale trop tardive. Lorsque l’évaluation de cette diplopie est difficile ou impossible, la décision chirurgicale repose plus lourdement sur les données radiologiques, motivant la recherche d’éléments sur la tomodensitométrie (TDM) associés à une diplopie persistant après la fonte de l’œdème posttraumatique. Méthodes : Cette étude rétrospective et comparative sur 108 patients, pris en charge par le service de chirurgie maxillo-faciale du CHU de Limoges de janvier 2015 à mai 2022 pour une BOF, examinait l’association entre la survenue d’une diplopie et des constatations sur la TDM posttraumatique : une augmentation de la hauteur de l’orbite à l’aplomb du pole postérieur du globe (mesurée par l’indice cranio-caudal orbitaire ICCO – critère de jugement principal), un épaississement du muscle droit inferieur (MDI), la position du MDI par rapport à la ligne théorique du plancher (LTP), un embrochage du MDI sur les berges osseuses, la largeur du foyer de fracture et la position antéropostérieure de la fracture (critères de jugement secondaires). Résultats : Il existait une association statistiquement significative à l’analyse univariée entre la survenue d’une diplopie persistante et : ICCO ≥ 8mm (p=0,038), abaissement du MDI sous la LTP (p<0,0001), épaississement du MDI (p<0,0001) et embrochage du MDI (p<0,0001). Seuls ces deux derniers éléments étaient associés à la survenue d’une diplopie persistante a l’analyse multivariée (respectivement p=0,008 et p=0,022). Conclusion : L’épaississement du MDI et son embrochage sur les berges osseuses sur la TDM post-traumatique dans les BOF sont des éléments en faveur de la nécessité d’une réparation chirurgicale pour prévenir une diplopie séquellaire.