Manifestations oro-faciales et des voies respiratoires supérieures au cours de l'artérite à cellules géantes : résultats d'une vaste cohorte prospective

Discipline

Médecine d'urgence

Classification

Médecine et santé

Mots-clés

Artérite temporale,

Oto-rhino-laryngologie,

Voies aériennes supérieures (anatomie),

Maxillaires,

Toux,

Enrouement

Objectifs. L'artérite à cellules géantes (ACG) entraîne des manifestations des voies respiratoires supérieures (VRS) et orofaciales, témoins de l'atteinte de l'artère carotide externe. Nous avons cherché à établir la fréquence de ces symptômes au diagnostic de l'ACG, ainsi que les principales caractéristiques des patients les présentant. Méthodes. Nous avons inclus les patients avec un diagnostic d’ACG porté de 1976 à avril 2022 dans le service de médecine interne du CHU de Limoges. Dix symptômes orofaciaux ont été examinés prospectivement et systématiquement pour chaque patient. Nous avons utilisé des analyses multivariées pour identifier les caractéristiques de l'ACG, y compris les symptômes orofaciaux, associées à la positivité de la biopsie de l'artère temporale (BAT). Résultats. Au moins un symptôme orofacial était présent chez 68,6 % des 599 patients (3 symptômes ou plus dans 30 % des cas). La claudication de mâchoire, la douleur maxillaire et la douleur à l'ouverture de la bouche étaient les plus fréquentes. Une toux sèche a été notée dans 17 % des cas. La présence des symptômes était associée à plus d'anomalies cliniques de l'artère temporale et de complications ophtalmologiques ischémiques mais moins de vascularite des gros vaisseaux sur l'imagerie. La positivité de la BAT était accrue chez les patients présentant une anomalie de l'artère temporale à l'examen clinique (OR 4,16 ; CI 2,75-6,37, p < 0,001) ou une claudication de la mâchoire (OR 2,18 ; CI 1,35-3,65, p = 0,002) et diminuée chez ceux présentant un enrouement (OR 0,47 ; CI 0,26-0,87, p = 0,02) ou une otalgie (OR 0,54 ; CI 0,31-0,95, p = 0,03). Une présentation orofaciale isolée (sans céphalées, ni signes visuels) représentait 5,2 % de l'ensemble de la cohorte. Conclusion. Les symptômes orofaciaux, présents dans deux tiers des cas, pourraient servir d'indices cliniques majeurs pour le diagnostic de l'ACG et constituent un facteur de risque de perte visuelle permanente. Plusieurs symptômes tels que la claudication de la mâchoire, l'enrouement et l’otalgie ont influencé la probabilité d'une BAT positive. La présentation orofaciale isolée de l'ACG est un événement rare mais de diagnostic difficile.