Etude BOB-ACG : intérêt du bolus de prednisolone dans la prévention de la bilatéralisation de l’atteinte ophtalmologique au cours de l’artérite à cellules géantes

Discipline

Médecine interne et immunologie clinique

Classification

Médecine et santé

Mots-clés

Artérite temporale,

Corticothérapie,

Neuropathie optique

Introduction. L’artérite à cellules géantes (ACG) se complique dans 10 à 20% des cas d’ischémie visuelle permanente (IVP). L’urgence thérapeutique vient de la profondeur du déficit visuel et le risque élevé d’atteinte controlatérale. Les recommandations préconisent l’utilisation, en cas d’IVP unilatérale, de bolus de méthylprednisolone (MP) à la posologie de 250 à 1000mg par jour, pendant 3 jours, suivis d’une corticothérapie orale (CO). Notre étude a pour but de vérifier si cette stratégie diminue significativement le risque d’IVP précoce du 2e oeil, par rapport à la mise directe sous CO à 1mg/kg/jour. Patients et méthodes. Il s’agit d’une étude observationnelle, rétrospective, multicentrique menée sur les 15 dernières années dans 13 centres hospitaliers français. Les critères d’inclusion comportaient : nouveau cas d’ACG ; IVP strictement unilatérale ; corticothérapie orale à dose ≥ 0,9 mg/kg/jour à l’induction ; pour le groupe bolus de MP, dose totale comprise entre 900 et 5000mg ; suivi rapproché et connaissance du statut visuel à 1 mois du traitement, ou plus tôt, en cas d’évènement. Les 2 groupes ont été comparés sur de nombreux paramètres démographiques, cliniques, biologiques, iconographiques et thérapeutiques. La comparaison a été optimisée par des scores de propension (SP). Résultats. 132 patients ont été inclus, 99 dans le groupe MP et 33 dans le groupe CO. 1 patient dans le groupe CO et 16 dans le groupe MP ont bilatéralisé, sans montrer de différence significative entre les 2 stratégies (3% vs 16,2% ; p=0,069). Avec la pondération par SP, le risque d’IVP controlatérale est significativement associé au traitement par MP (OR 15,84 ; IC [4,31-115,26] ; p<0,001). Les complications sévères attribuables à la corticothérapie le premier mois sont significativement plus fréquentes dans le groupe MP (34,2 vs 12,9% ; p=0,03). Discussion. Nos résultats ne sont pas en faveur de l’utilisation systématique de bolus de MP dans l’ACG compliquée d’IVP unilatérale. L’effectif total relativement faible, le déséquilibre des populations, l’hétérogénéité thérapeutique et le faible nombre d’évènements secondaires limitent la portée des résultats présentés. Une étude prospective randomisée multicentrique comparant les bolus de MP à la CO à 1mg/kg/jour est souhaitable.