Analyse des dépenses liées aux anticancéreux au sein d’un centre de lutte contre le cancer : poids de l’innovation et perspectives pour le pharmacien hospitalier

Discipline

Pharmacie

Classification

Médecine et santé

Mots-clés

Innovations pharmaceutiques,

Cancérologie,

Économie de la santé,

Gestion budgétaire,

Anticancéreux

Les dépenses pharmaceutiques en oncologie connaissent ces dernières années une réelle inflation, sous l’influence de la révolution thérapeutique apportée par les molécules innovantes. Un questionnement est apparu au sein de la société et de la communauté médicale quant à l’accès à ces innovations et leurs coûts. Dans ce contexte, l’objectif de cette thèse est de mesurer l’évolution rétrospective des dépenses en médicaments anticancéreux sur douze années (2008-2019) au sein d’un CRLCC (l’Institut Bergonié). L’impact des innovations en oncologie a pu être approché par l’analyse financière des dispositifs de financement dérogatoires des médicaments à l’hôpital. Tous ont connu une forte augmentation (liste en sus +54%, autorisations temporaires d’utilisation-ATU multipliées par 52 et rétrocessions multipliées par 6). Les dépenses pharmaceutiques totales ont augmenté de 71% (14,58M€ en 2008 à 24,84M€ en 2019). En tête des dépenses les molécules appartenant aux innovations thérapeutiques de la bioingéniérie, financées par ces dispositifs. Le développement des anticorps monoclonaux avec 16M€ de dépenses en 2019 (soit 65% des dépenses totales), au sein desquels nous retrouvons 4 molécules d’immunothérapies responsables à elles seules de 4,9M€ (20% des dépenses totales) la même année, témoignent bien de l’impact financier de l’innovation. A leurs côtés nous retrouvons d’autres classes innovantes comme les inhibiteurs de TK ou de PARP ou de CDK responsables des dépenses. Le poids financier de l’innovation en oncologie apparaît menaçant pour notre système de soin. Une telle analyse élargie et approfondie au niveau statistique, sur plus de centres pourrait avoir vocation de permettre au pharmacien de modéliser l’évolution des dépenses et de prédire le budget de la PUI à plusieurs années. Notamment en identifiant les indicateurs significativement corrélés aux dépenses. Un suivi à plus grande échelle permettrait aussi d’informer et mener des actions de lobbying face à la dérive des dépenses, aux côtés des médecins et des associations de patients. De nouvelles réflexions doivent être menées par les pouvoirs publics dans les financements et la fixation des prix afin d’assurer le maintien de notre système de soin.